Suite de l’article Ah ! Oh ! … Toutes ces gallariji !
Avant propos – Quelques caractéristiques
de l’architecture traditionnelle à Malte
Le calcaire à globigérines – Un matériau de construction local
La caractéristique principale de la majorité des constructions maltaises, c’est cette couleur particulière de la pierre locale qui donne aux villages et aux villes cette teinte douce et chaude, entre jaune et ocre ; couleur propre au calcaire de globigérines (roche sédimentaire qui compose plus de la moitié du sol des îles maltaises).
Cette teinte ocre peut prendre une couleur rosé, ou miel doré, selon la luminosité ; une teinte qui devient flamboyante au moment du coucher du soleil.




Une roche tendre facile à travailler et sculpter
Depuis la présence des Chevaliers à Malte et surtout depuis la construction de leur cité-forteresse de La Valette, de nombreux éléments d’ornementation sont venus embellir les façades. Il faut dire qu’à cette époque une règlementation de l’Ordre de Malte encourageait , voire obligeait, les propriétaires à orner les angles extérieurs de leurs propriétés, avec notamment des statues de saints, des niches avec représentations religieuses.
Parmi les nombreux éléments décoratifs et/ou artistiques les plus répandus, on trouve : les corniches, les piliers, les blasons, les armoiries… Et les balcons.
Les balcons, à l’origine, étaient réalisés avec cette pierre locale ; les supports de balcons aussi.
Vous verrez encore nombre de ces supports de balcons en pierre sculptée (appelés en maltais saljaturi).
Les balcons de pierre ont disparu au cours du temps pour laisser place à des balcons de bois ou de fer forgé (vous pourrez encore voir nombre de balcons de pierre sur l’île de Gozo).




Autant d’éléments décoratifs désormais largement répandus car le calcaire à globigérine est une roche tendre et facile à sculpter.
Les balcons traditionnels maltais
Deux éléments caractéristiques du paysage habité de Malte :
le balcon traditionnel ouvert et le balcon-galerie fermé
Une autre composante des habitations que le voyageur à Malte remarque dès son arrivée, c’est le balcon ; ce balcon très pittoresque de Malte.
De nos jours, le balcon maltais se décline en une grande variété de formes, de styles et de taille ; ainsi qu’en une large gamme de couleurs (certaines parfois fantaisistes).
On peut répartir ces balcons en deux types principaux : le balcon ouvert et le balcon fermé en débord de la façade d’un bâtiment.
J’évoque dans cet article-ci uniquement ce balcon fermé : Il-Gallarija.
Pour le balcon ouvert, détails à venir dans un autre article : « balcons traditionnels maltais, le balcon ouvert »
Qu’est-ce que Il-Gallarija ?
Il s’agit d’un balcon fermé, généralement en bois dans sa partie basse et vitré dans sa partie supérieure ; une sorte de « bow window » (comme disent les anglophones)
Cet élément de construction : la fenêtre à encorbellement (balcon en avant-corps) et formant loggia ou oriel, est omniprésent dans les rues des villes et des villages maltais ; vous en verrez de belles alignées dans les rues des villes.
Quelle est l’origine de cette gallarija maltaise ?
L’origine de cette gallarija maltija reste encore incertaine.
A ce jour, la majorité des historiens s’accordent pour dire :
– que ce ne sont pas les Arabes (1) qui ont importé cette sorte de « moucharabieh » lors de leur occupation de l’archipel maltais,
– que les premiers balcons fermés à Malte ont été réalisés au cours de la seconde moitié du XVIIIème siècle, à La Valette.
(1) Barbares, an 455… – Byzantins, an 870… – Arabes Aghlabides jusque vers 1091)
Quelques informations émanant de The Planning Authority, organisme gouvernemental :
« On dispose de peu de preuves indiquant la période et l’emplacement exacts des premiers balcons en bois fermés. » … « Bien qu’il n’y ait pas de certitude du moment où les balcons fermés en bois ont été introduits à Malte, des preuves iconographiques suggèrent que de tels balcons sont apparus dans la première moitié du XVIIIe siècle. Il existe également des preuves documentées que les deux grands balcons du Palais du Grand Maître à La Valette étaient les premiers balcons en bois fermés à Malte. » – Extrait de : http://www.mepa.org.mt/wooden-balconies
Une mode, puis un succès populaire
Ce type de balcon fermé devint à la mode à La Valette. Il vint par la suite remplacer certains balcons ouverts.
Cette mode s’étendit hors La Valette et la gallarija devint de plus en plus populaire.
Une popularité qui n’a pas faibli ; au point que, de nos jours, la gallarija est également présente dans le moindre petit village.
Ces balcons font désormais partie intégrante du mode de vie maltais. Ils offrent en effet des avantages indéniables dans la vie quotidienne.
La gallarija, une galerie aux multiples avantages
Un balcon fermé par des vitrages dans la partie supérieure ; d’où le nom de « gallarija », que l’on pourrait traduire par galerie.
- Une galerie de laquelle on peut voir sans être vu. De ce point, on peut regarder discrètement ce qui se passe dans la rue (ou, très discrètement, chez le voisin d’en face).
- On peut aussi à partir de celle-ci avoir une conversation avec les voisins ou les passants.
- La gallarija constitue une extension de l’habitation (une habitation avec parfois un espace très réduit).
- D’un côté purement pratique, la gallarija offre un endroit où trouver un peu de fraîcheur les soirs d’été. En effet, cette galerie ouverte en partie supérieure offre une certaine ventilation, souvent bienvenue.
- Autre avantage pratique : permet le séchage du linge. Vous verrez encore souvent du linge pendre à l’intérieur et/ou à l’extérieur de ces balcons.
- Rarement, de plus en plus rarement, dans certaines petites rues, vous pourrez voir un panier descendre ou monter ; moyen pratique pour livrer quelques marchandises ou, je l’ai expérimenté, la clé pour des visiteurs.
- Une galerie très soignée pour les fêtes patronales, d’où l’on peut voir la procession passer et lancer des confettis. Pour ces jours de festa, ou au moment des fêtes de fin d’années, les gallariji sont abondamment décorées de lumières, de bannières, de représentations de saints…
Une grande diversité de gallariji












Echantillon de gallariji à La Valette
A La Valette, avec son riche patrimoine architectural, levez bien la tête et ouvrez bien l’œil ! Les bâtiments, les angles de bâtiments, les entrées de palais, au-dessus des entrées… Très fréquemment vous y rencontrez des beautés d’architecture, de magnifiques œuvres d’art et d’artisanat. Et, bien évidemment, des kyrielles de gallariji ; de toutes tailles, tous styles, toutes couleurs. En surabondance parfois dans certaines rues de la capitale.













Plus rares sont les galariji d’angle de bâtiments.
Les deux plus anciennes de ce type dans la capitale seraient :
- celle du Palazzo Bonici, qui aurait été terminé en 1739
(qui abrite une partie du Théâtre Manoël).

- celle du Palais du Grand Maître, qui date de 1741.
Sur chacune des deux faces latérales du palais, ces longues galeries permettaient d’atteindre aisément différentes pièces du palais.

Prolifération anarchique = danger pour la tradition
On peut aussi dire que la gallarija a été un temps victime de son succès populaire.
Dans les années 1970-1990, les coûts des matériaux (pierre, bois, verre…) et de la main d’œuvre augmentant fortement, on vit apparaître de plus en plus de balcons en fausse pierre ou en parement de pierre ; d’autres en aluminium. Ce qui incontestablement n’avait plus rien à voir avec le balcon fermé traditionnel. De telles pratiques ont entraîné une détérioration du paysage urbain maltais habituel. Face à cet état de faits, le gouvernement maltais a pris des mesures pour stopper cette prolifération anarchique. Des subventions sont maintenant accordées aux propriétaires afin que cette réhabilitation se fasse conformément à la tradition.



Autre article à venir : les supports de balcon (saljaturi).
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____ Ces informations vous sont transmises gracieusement par Monique Basley,
auteure du guide « BALADES dans LA VALETTE » : des itinéraires choisis et fléchés par une habituée de la capitale maltaise. Le meilleur guide en français pour découvrir La Valette à pied – très facilement – grâce à des circuits fléchés.
(1ère édition, 2015, épuisée. Livre broché sous le titre « LA VALETTE – Parcours-promenades dans la capitale » – Éditions numériques depuis 2017).
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